Lille-Lyon-Paris
Influencée par le cinéma d’horreur, je crée dans mes films des corps divers (creux, stéréotypés, angoissants, fantomatiques) qui interrogent tous à leur manière la possibilité d’une altérité au cinéma. À travers eux, je décortique les codes cinématographiques, normes esthétiques, rapports de forces et de domination qui conditionnent la représentation des corps à l’image. Créer ces corps cinématographiques étranges, envers lesquels aucune identification n’est possible, est pour moi une manière d’affirmer que l’image d’un corps est avant tout le produit d’un discours (politique, social, culturel, historique) d’un rapport au réel, à l’espace-temps: une définition idéologique de l’individualité.
Influenced by horror cinema, I create various bodies in my movies – stereotyped, hollow, frightening, ghostly – which question, each in its own way, the possibility of some otherness in cinema. Through these bodies, I unravel the cinematographic codes, the esthetical norms, the power and domination struggles which condition bodies representation. To me, creating these cinematographic and eerie bodies, with which no identification is possible, is a way of affirming that every body representation is above all the product of a political discourse, of a reference to history, to reality, to space and time, of an ideological definition of individuality.
2024, 47min15s, HD, Stéréo/5.1
Dans le vacarme permanent des machines, des voix de travailleurs
et de travailleuses se font entendre. Des cadres, des
infirmières, des assureurs, des commerciaux qui décrivent, avec
leurs propres mots, les divers mécanismes, organisations du
travail, violences, qui les ont amenés à développer une
multitude de symptômes de souffrance physiques et psychiques. En
incarnant tour à tour ces récits individuels, d’étranges
silhouettes blanches tentent de redonner un corps à ces voix
anonymes. Elles traversent ainsi plusieurs espaces
labyrinthiques vidés de toute présence humaine: salles
d’archives, hangars industriels, blanchisserie hospitalière,
bureaux abandonnés.
Amid the constant din of machines,
worker’s testimonies are heard. Each in his or her own way,
they describe the various mechanisms, work organization and
violence that have led them to develop a multitude of physical
and psychological symptoms. By embodying these individual
accounts, strange white silhouettes attempt to give body to
these anonymous voices.
2022, 11min15s, HD, Stéréo/5.1
Une équipe sportive éclairée par de puissants projecteurs
s’entraîne dans un espace vaste et sombre. Leurs corps s’y
confrontent, s’y soutiennent et s’y effondrent collectivement.
Les bruits des cris, gestes, souffles et chutes se mêlent dans
l’espace sonore jusqu’à ne plus former qu’un seul et même
organisme bruyant. Un corps collectif, à la fois discipliné et
solidaire, dans lequel chaque individu s’efface au profit de la
structure fragile et informe du groupe.
A sport team trains in a dim and vast
space. Bodies collide, support each other, or collapse
collectively. The sound of them yelling, moving, breathing,
falling – everything merges into one and only organism. This
plural body is frail and shapeless, disciplined and supportive
altogether.
Installation vidéo de TEAM SPIRIT réalisée dans
le bâtiment 22 du Théâtre des Subsistances, juin 2022.
1 écran suspendu / 1 projecteur / 1 ampli / 2 enceintes
Video installation of TEAM SPIRIT made
in Théâtre des Subsistances, bâtiment 22, june 2022.
1 suspended screen / 1 projector /1 amp / 2 speakers.
Vues de l’installation sonore et vidéo de TEAM
SPIRIT réalisée pour l’exposition collective Clac Slash Crash,
à Monopôle à Lyon en 2021.
2 écrans / 2 chaînes en métal / 2 enceintes / 1 ampli / 1
caisson de basses
Views from the
sound and video installation of TEAM SPIRIT made for the
collective exhibition Clac Slash Crash, at Monopôle in Lyon
in 2021.
2 screens / 2 metal chains / 2 speakers / 1 amp / 1
subwoofer.
2022, 6min05s, installation vidéo et sonore sur 4 écrans, HD,
Stéréo/2.1
Des centaines de tenues hospitalières glissent le long de rails
métalliques. Aucune intervention humaine ne semble régir cette
immense et bruyante machine qui trie, lave et repasse les
vêtements. Le bruit est assourdissant. Du côté des spectateurs,
sur le quatrième écran, un liquide blanc et visqueux apparaît.
Il s’écoule lentement jusqu’à fait apparaître la silhouette d’un
corps. L’individu se lève puis disparaît. Entourés par les
images et les sons de cette usine, les visiteurs se mêlent aux
divers corps qu’elle produit, impersonnels, anonymes, uniformes,
fantômatiques.
Hundreds of hospital outfits are sliding
along metal rails. No human intervention seems to preside over
this huge and noisy machine which sorts, washes, and irons
clothes. The noise is deafening. On the fourth screen, a
white, viscous liquid appears. It flows out slowly until the
outline of a body comes out. The individual stands up and then
disappears. Surrounded by the pictures and sounds of the
factory, visitors mingle with the various, impersonal,
anonymous, ghostly bodies it produces
Vue de l’installation de La Machine à
influencer pour le Prix de Paris, septembre 2022.
4 écrans, 4 vidéoprojecteurs, 2 enceintes, 1 caisson de basse,
1 ampli.
Views of the The influencing machine’s
installation at the Paris prize in Septembre 2022.
4 screens, 4 videoprojectors, 2 speakers, 1 subwoofer, 1
amplifier.
Comédien : Louen Poppé
Réalisation, montage son et image, étalonnage : Clara Lemercier
Gemptel
Régisseur son : François Geslin
Blanchisserie Hospitalière Saucona
2022, 6min16s, installation vidéo et sonore sur 1 écran, HD,
Mono
Une femme, dans la nuit, mime la bande son d’un audioguide.
Celui-ci provient de l’exposition L’art et la matière, prière de
toucher créée par les musées des beaux-arts de Lyon, Nantes,
Lille, Rouen et Bordeaux en 2021. Ainsi détourné, remonté et
rejoué, l’audioguide décrit désormais spécifiquement
l’expérience tactile supposée des spectateurs touchant les corps
sculptés féminins. En l’absence des œuvres elles-mêmes, les mots
et expressions choisis pour les décrire mettent en évidence,
malgré eux, la manière dont les canons esthétiques issues de
l’histoire de l’art occidental imprègnent toujours aujourd’hui
notre perception des corps. L’installation est constituée d’une
projection et de plusieurs audioguides à disposition des
spectateurs.
In the night, a woman mimes the
soundtrack of an audio guide. This one is from the exhibition
The Art and the matter, please touch created by the museums of
fine art of Lyon, Nantes, Lille, Rouen, and Bordeaux in 2021.
In the film, the audio guide is distorted, reassembled and
replayed. Now, it specifically describes the supposed tactile
experience of spectators touching the sculpted female bodies.
In the absence of these sculpted female bodies, the words and
expressions chosen to describe them highlight, in spite of
themselves, the way aesthetic canons from western art history
still permeate our perception of bodies today. The
installation consists of one projection and several audio
guides available to the audience.
Vue de l’installation Posez vos mains sur son
corps, pour Prix Linossier en septembre 2022.
1 vidéoprojecteur / 4 casques / 4 moniteurs HF / 1 carte son /
2 bancs.
Views of Place your hands on her body’s
installation at the Linossier prize in September 2022.
1 videoprojector / 4 headphones / 4 high frequency
transmiters / 1 sound card / 2 benches.
Comédienne : Lucie Garçon
Réalisation, montage son et image, étalonnage : Clara Lemercier
Gemptel
Série de films
Deux amies, assises autour d’une table, décrivent des images
qu’elles tiennent entre leurs mains. Celles-ci représentent des
corps morcelés ou entiers, vivants ou morts, seuls ou en groupe.
Jamais le spectateur ne pourra les regarder par lui-même: il est
dépendant de leurs descriptions pour se les représenter. À
travers une fenêtre, une étrange créature observe la scène.
La série de films Protocole est la déclinaison d’un seul et même
film à l’intérieur duquel s’opèrent, à chaque épisode, diverses
modifications. Les comédiennes, les images décrites, les
méthodes de tournage, les points de vue, les trucages, la
synchronicité du son, changent et évoluent de telle manière que
la perception que nous avons des corps représentés se modifient
au fil des épisodes : la créature, les deux amis, les corps
décrits, apparaissent tour à tour absurdes, réalistes,
stéréotypés, inquiétants. À partir d’un synopsis commun, il
s’agit de comprendre comment divers techniques
cinématographiques conditionnent et transforment notre manière
de percevoir les différents corps présents dans un film. Le
numéro de chaque épisode de Protocole correspond à celui du
binôme lors du casting. Ainsi, ces films intègrent
volontairement leur réalité de production à leur récit, de
manière que les deux deviennent complètement interdépendants.
Two friends, sat at a table, describe several images that they
hold in their hands. These images depict bodies, whole or
fragmented, dead or alive, alone or in groups. The spectator
will never see them through his own eyes; the girls’
depictions are his only support for his own representation.
Through a window, an eerie creature watches the scene.
The film series Protocole is the development of one and only
film, in which various modifications happens each episode. The
actresses, the pictures being described, methods of filming,
points of view, the effects, the sound synchronicity,
transform in a way that changes our perception of those bodies
through the episodes: the creature, the two friends, the
bodies being described, appear alternatively absurd,
realistic, stereotyped, eerie. Starting from a common
synopsis, the matter is to understand how different
cinematographic techniques condition and transform our way of
perceiving the various bodies presented in a film. Every
Protocole episode has a number, which corresponds to the
different actresses duos in the casting. This way, the films
consciously integrate their material production into their
narratives, both becoming completely interdependent.
3ème épisode de la série, 2022, 12min08s, HD, Stéréo
2ème épisode de la série, 2021, 10min38s, HD, Stéréo
1ème épisode de la série, 2021, 10min00s, HD, Stéréo
Vues de l’installation de la série Protocoles
dans trois pièces différentes du bâtiment 22 du Théâtre des
Subsistances, juin 2022.
3 écrans / 3 bancs / 6 enceintes.
Views of the films series Protocole’s
installation in three different rooms in Théâtre des
Subsistances, June 2022.
3 screens / 3 benches / 6 speakers.
Protocole n°44
Réalisation, image et montage : Clara Lemercier Gemptel
Prise son : Lise Lebleux
Comédiennes : Guillemette Crémése et Marianne Peuch-Lestrade
Protocole n°11
Réalisation, image et montage : Clara Lemercier Gemptel
Prise son : Lise Lebleux
Comédiennes : Alexia Chazelle et Carla Legay
Protocole n°34
Réalisation, image et montage : Clara Lemercier Gemptel
Prise son : Lise Lebleux
Comédiennes : Anne-Laure Sanchez et Guenièvre Busto
2021, 15min04s, HD, Stéréo
Créé aux côtés de Lise Lebleux (artiste sonore), Agnès Gayraud
(musicienne et philosophe) et François Virot (musicien), ce film
est une balade sonore à l’intérieur de la Villa Gillet,
l’ancienne demeure d’une riche famille d’industriels lyonnais,
devenue aujourd’hui la maison internationale de l’écriture
contemporaine. Il s’agit à travers ce film d’appréhender
l’histoire du lieu, non pas uniquement du point de vue de son
architecture, mais aussi à partir de ces caractéristiques
sonores. Escalier, cave, grenier, grand salon, chaque espace,
objet, surface, devient notre terrain de jeu pendant cette
exploration. Nous y faisons résonner notre présence de multiples
manières : grâce à des objets trouvés, nos voix, nos gestes, nos
instruments de musique. Uniquement composé à partir de plans
fixes, ce film adopte le point de vue de celle qui reçoit ces
présences et qui les fait résonner : la maison elle-même.
Made with Lise Lebleux (sound artist),
Agnès Gayraud (musician and philosopher), and François Virot
(musician), this movie is a sound walk inside the Villa
Gillet, that is the ancient residence of a rich family of
industrialists in Lyon, now the international house of
contemporary writings. This movie is about apprehending the
place’s story, not only from an architectural point of view,
but also from its sound characteristics. Stairs, cave, attic,
large living room – each space, object or surface becomes our
playground during this exploration. We make our presence
resonating in several ways: with the help of the objects we
find, our voices, our gestures, our musical instruments. This
movie is only made up with fixed shots, and in that regard
adopts the point of view of the one receiving these presences
and making them resonate; the residence itself.
2021, 4min30s, HD, Mono, Boucle
La modèle d’une de mes séries photographiques trie les images
que j’ai faites d’elle. Elle en sélectionne un certain nombre
afin d’en constituer un ensemble. Elle montre ensuite ces images
à la caméra, créant ainsi une forme de séquence
cinématographique image par image. Une mise en mouvement du
corps photographié qui, pour une fois, est réalisée par celle
qui s’y trouve représentée.
The model of one of my photographic series
sorts the pictures I shot with her. She selects a few of them
to form a set. Then she shows these pictures to the camera,
creating a sort of cinematographic sequence, frame by frame.
Put into motion, that photographic body is, for a change, made
by the one being depicted.
Réalisation, image et montage : Clara Lemercier Gemptel
Modèle : Yônah Simonet
Doublage et mixage son : François Geslin
2021, 3min16s, HD, Stéréo
Au milieu d’un paysage désert, un phénomène se produit : une
surface mouvante, déformée par le vent, vient rompre la
monotonie du paysage. Entre toile et lambeaux de peau, cette
mince présence transparente semble résister au néant qui
l’entoure. Progressivement, celle-ci cadre et compose avec
l’horizon avant de le recouvrir complètement.
In the middle of an empty landscape, a
phenomenon happens: a moving surface, deformed by the wind,
suddenly breaks the landscape’s dull stillness. In between the
canvas and the strips of skin, this faint and transparent
presence seems to resist to the void around. Progressively, it
frames the horizon and composes with it, before covering it
entirely.
Réalisation, image et montage : Clara Lemercier Gemptel
Composition sonore : Lise Lebleux
2020, 3min20s, HD, Stéréo
Éclairées par les phares d’une voiture, des personnes
traversent un champ. D’abord en trois dimensions, leurs corps se
décomposent progressivement sous l’effet de la lumière pour ne
plus devenir que des ombres projetées sur l’herbe jaunie. Le son
oppressant et entêtant du moteur en marche, la lumière des
phares, semblent prendre alors la forme d’un projecteur de
cinéma.
Under the light of car headlights, a few
people are crossing a field. First in three dimensions, their
bodies progressively fade due to the light effect, until they
become shadows cast upon the yellowed grass. The oppressing
and heady sound of the car’s motor running, the headlights,
now look like a cinema projector.
2019, 4min07s, HD, Stéréo
Dans la nuit, au fond d’un jardin, trois hommes discutent. Le
son du vent dans les feuillages nous empêche d’entendre leur
conversation. Étonnamment, les bruits de leurs gestes,
frottements, souffles sont, eux, bien audibles. Alors que la
caméra se rapproche, l’identité de chacun des protagonistes se
trouble.
In the night, at the garden’s back, three
men talks. The sound of wind in the foliage prevents us from
hearing what they talk about. Surprisingly, noises of their
gestures, frictions and breathings are however quite audible.
While the camera draws near, identities of these protagonists
become less clear.
Rassemblant 21 photographies réalisées entre 2017 et 2022,
cette édition est le résultat de cinq année de recherches
visuelles. Les images qui s’y trouvent ont été fabriquées à
partir d’éléments provenant de mon quotidien que je relie
volontairement, à travers des jeux de mise en scène, à diverses
iconographies appartenant à une certaine histoire européenne de
la peinture et à une histoire cinématographique du personnage.
Des photographies qui sont de ce point de vue à la fois des
expérimentations, des hypothétiques projets de films, mais aussi
des remakes d’images déjà vues, fantomatiques, iconiques, qui
ont marquées selon moi notre manière (et notamment la mienne) de
représenter un corps à l’image.
Gathering 21 photos taken between 2017
and 2022, this edition is the result of five years of visual
experimentations. The pictures were produced from elements of
my daily life, that I link consciously, through staging plays,
to various iconographies belonging to a certain European story
of painting and to a certain cinematographic history of the
character. These photos, in that regard, are both
experimentations and hypothetical movie projects, but also
remakes of already seen pictures, ghostly and iconic, which
have marked, to me, the way – including mine – we depict the
body through images.
Dans cet essai, j’ai analysé cinq scènes de films à partir des
concepts de corps substantiels et de corps abjects définis par
Judith Butler dans son livre Ces corps qui comptent. Vampyr de
Dreyer, San Clemente de Depardon, Videodrome de Cronenberg, The
Act of Seeing with Own One’s Eyes de Brackage, A Study in
Choreography for a Camera de Deren sont ainsi appréhendés sous
l’angle des rapports de force et de domination qui conditionnent
la représentation des corps filmés à toutes les étapes du
travail cinématographique. Ce travail d’écriture vise avant tout
à articuler l’inévitable réification des corps filmés par le
mécanisme cinématographique, soit l’impact évident du cinéma sur
notre définition culturelle et sociale de l’individu, avec la
possibilité d’un cinéma qui, en assumant pleinement la
réification qu’il exerce sur les corps, serait également porteur
d’un autre rapport à l’altérité.
« Ainsi, percevoir les corps filmés comme un champ
d’expérimentation, un laboratoire infini à la manière de
Frankenstein, est une conception du corps-cinéma qui permet à la
fois de se détacher des conceptions naturalistes du corps mais
également des considérations moralisatrices qui érigent le corps
comme une chose inaliénable, définie, fixe. Cet écrit, bien loin
de vouloir créer une éthique ou un protocole de représentation
des corps, travaille au contraire à sa désacralisation. Il est
une invitation à le considérer comme un outil politique parmi
tant d’autres, que l’artiste peut ou non utiliser afin d’en
tirer les effets politiques, sociaux, historiques et plastiques
souhaités [...]. Mes films sont donc autant de tentatives de
faire un cinéma qui ne renouvellerait pas les systèmes de
privilèges et de stigmatisations des corps, mais qui élaborent
des lieux d’expérimentations pour d’autres modes d’existence et
d’individualité. C’est pour cette raison que je défends un
cinéma qui avoue qu’il ne parle pas d’autrui, qui ne le
représente pas, qui ne le comprend pas, un cinéma qui produit,
bien au contraire, des corps creux, réifiés, inventés, opaques,
qui, assumés comme tels, ouvrent la possibilité de nouvelles
utopies sociales, débarrassées de la volonté de posséder l’autre
».
Pages 171-172
In this essay, I analyzed five movie
scenes in the light of Judith Butler’s concepts of substantial
bodies and abject bodies, as defined in Bodies that Matter.
Vampyr by Dreyer, San Clemente by Depardon, Videodrome by
Cronenberg, The Act of Seeing with Own One’s Eyes by Brackage
and A Study in Choreography for a Camera by Deren are all
considered from the perspective of power and domination
struggles which condition filmed bodies depiction in all the
steps of the cinematographic work. This written work mainly
aims to articulate the unavoidable reification of filmed
bodies by the cinematographic mechanism, that is the obvious
impact of cinema on our cultural and social definition of the
individual, with the possibility of a cinema which, fully
assuming its reification on the bodies, would also promote an
alternative perception of alterity.
“Perceiving filmed bodies as an experimentation field, an
infinite laboratory à la Frankenstein, is a conception of the
cinema-body which helps discarding both naturalist conceptions
of the body and moralizing conceptions which erect the body as
something unalterable, definite, settled forever. This essay,
far from trying to create an ethic or a protocol of bodies
depictions, works instead to its desacralization. It invites
to consider the body as a political tool among others, that
the artist can exploit as he likes to draw the political,
social, historical, and plastic effects he desires […]. In
that regard, each one of my movies is an attempt to make a
cinema which would not reiterate systems of privileges and
bodies stigmatization but would rather create spaces of
experimentations for alternative forms of existence and
individuality. It is precisely for this reason that I defend a
cinema admitting that it says nothing of the other, that it
does not represent it, nor understands it; a cinema which
produces, to the contrary, emptied, reified, invented, opaque
bodies which, assumed as such, open the possibility of new
social utopias, free from the desire to possess others”.
Pages 171-172.
e-mail: claralemercier@orange.fr